Dans quel classement la Bretagne peut-elle donc bien dominer la Bavière, Hambourg, New York et Londres ? Au classement qualitatif des nouvelles extensions Internet établi par une agence de marketing en ligne américaine. Le .paris tire également bien son épingle du jeu.
Selon une étude américaine de l’agence de marketing en ligne Globe runner, la nouvelle extension en .bzh fait partie, parmi les 2000 nouvelles extensions validées par l’Icann, des extensions les plus qualitatives au monde, classée en 5ème position derrière les extensions de la Rhénanie-du-Nord – Westphalie (.nrw), de l’Ecosse (.scot), de Bruxelles (.brussels) et du Pays basque (.eus). Un second classement, portant uniquement sur les extensions géographiques, place Paris en 8ème position en terme de qualité.
« Une stratégie construite dans la durée »
« Nous cherchions à savoir quelles nouvelles extensions étaient le mieux parvenues à attirer des sites de qualité, explique Bill Hartzer, SEO manager chez Global runner. C’est une surprise de trouver le .bzh en haut du classement, mais cela s’explique : il y a souvent des institutionnels et il n’y a pas de spam en comparaison des sites en .xyz par exemple. Le .bzh correspond aussi à une région spécifique. » « Nous sommes sur un modèle beaucoup plus modeste que le .xyz, ajoute David Lesvenan, président de l’association Pik BZH que l’Icann a agréée pour gérer l’extension, mais notre stratégie est beaucoup plus construite dans la durée. »
Parmi les nouvelles extensions, le .xyz, avec 1 485 495 sites, se taille en effet la part du lion mais d’un point de vue quantitatif, loin devant le .top et .wang (source : greenSec). Pour établir son classement qualitatif, Globe runner a passé 20 000 sites des nouvelles extensions à la moulinette de Majestic.com, qui leur attribue un indice de confiance. Dans le top 20, les cinq premières places sont occupées par des extensions géographiques ; le top 10 des nouvelles extensions géographiques compte 9 territoires européens et un seul américain, New York. « Aux États-Unis, nous sommes très attachés au .com alors que le reste du monde est plus ouvert aux nouvelles extensions », estime Bill Hartzer.
Le .bzh « un autocollant numérique »
« L’étude de Globe runner nous conforte dans notre pratique attentive et dans le travail de fond de l’association, se réjouit David Lesvenan. C’est aussi l’occasion de rappeler que la Bretagne est la deuxième région numérique en France, notamment en raison de la force de la R&D. Le .bzh permet de revendiquer un lien avec le territoire et de s’y appuyer, que l’on vise un marché local, national ou international. Finalement, il est utilisé comme un autocollant numérique, c’est l’identité tranquille que l’on retrouve sur l’arrière des voitures. »
Le .bzh comptabilise 5472 sites, dont 10% sont des sites de collectivités locales, 20% des particuliers et 70% des personnes morales (entreprises et associations).
L’association, qui table sur 20 000 sites en trois ans, s’appuie sur les réseaux économiques pour se faire connaître (chambres de commerce et d’industrie, chambres des métiers, Fédération française du bâtiment). Au premier trimestre 2016, pik bzh organisera aussi la vente aux enchères des noms de domaine premium. L’association qui se finance sur la vente des noms de domaine, a commencé à rembourser l’avance versée par le conseil régional de Bretagne (250 000 euros) lors du dépôt de dossier à l’Icann.
« Bilan mitigé » pour Paris
La ville de Paris qui gère le .paris en régie, comptabilise 21814 sites. « Actuellement, le bilan est mitigé, commente Marie Monjauze, chargée de mission au bureau de l’innovation à la mairie de Paris. Nous sommes satisfaits de la qualité du déploiement, notamment par rapport à Londres ou Berlin, mais d’un point de vue quantitatif, nous avons un gros travail à mener sur la visibilité et la maturation du marché. Cela nécessite un gros travail de communication. »
Berlin a axé la sienne sur la gratuité des noms de domaine, une option que ne devrait pas retenir Paris. D’autres ajustements seront peut-être nécessaires pour améliorer la cohérence du marketing territorial de Paris ; par exemple, l’adresse électronique du parc omnisport de Bercy est passée de bercyarena.paris à accorhotelsarena.com suite au récent contrat de nommage de cet équipement qui appartient à la ville.
La ville a aussi réservé 3000 noms de domaine génériques (dit premium), qu’elle vend aux enchères en ligne depuis septembre. Les 153 premiers noms vendus ont rapporté 60 000 euros. Une somme qui permettra à la ville de poursuivre le remboursement de l’Afnic qui a avancé les frais de lancement de l’extension.
Exit le .aquitaine
En France métropolitaine, la Corse, l’Aquitaine et l’Alsace ont également sollicité une extension auprès de l’Icann.
Alors que la réforme territoriale a eu raison du .aquitaine, l’Agence d’attractivité de l’Alsace [3] a lancé en avril le .alsace qui héberge 1828 sites et la collectivité territoriale corse lancera son .corsica en janvier.
9 novembre 2015
Stéphanie Stoll